Mark Dion s'empare de l'iconographie à vocation pédagogique, et notamment des diagrammes classificatoires grâce auxquels les savants ont matérialisé et transmis leurs théories du vivant. Les Oiseaux détourne une planche de Deyrolles et Arbor Vitae déhiérarchise les arbres phylogénétiques. Pourtant variables selon les époques, de telles images de pensée s'offraient comme une vérité prétendument universelle. Sans nier les apports de la science, Dion cherche à défaire toute certitude, produisant, selon ses propres termes, une « sorte de crash entre images et textes ». Ainsi, empruntant au comparatisme des naturalistes, Comparison of Sizes réunit anachroniquement espèces animales et objets de différentes dimensions, tous nommés à l'aide de patronymes d'artistes et de poètes diversement liés au surréalisme.

D'autres sont consacrées à des oiseaux au bec visiblement distinctif, dont la numérotation ou la légende renvoie à des auteurs et peintres ayant été catégorisés comme " décadents " ( The Decadents) ou ayant été censurés (A Selection of Banned Birds. Ornitholoy and Censorship). La parodie de l'arbitraire de certaines classifications est plus ostensible encore lorsque Mark Dion croise le fameux diagramme d'Alfred H. Barr, établissant la filiation entre les différents courants artistiques de la modernité et un squelette de reptile dinosorien du Triassique (Restoration of a Theropod Skeleton).

Extrait du texte Tableau noir par Natacha Pugnet (Juillet 2021)