Meschac Gaba
Perruques voitures & Archéologie contemporaine
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Perruques voitures & Archéologie contemporaine

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Meschac Gaba
Picasso (Série Perruques voiture), 2008
Cheveux artificiels tressés, pièces en métal et buste de mannequin
54 x 51 x 30 cm
Pièce unique
© Galerie In Situ - fabienne leclerc
l'artiste & Galerie In Situ - fabienne leclerc, Paris

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Meschac Gaba
Smart (Série Perruques voiture), 2008
Cheveux artificiels tressés, pièces en métal et buste de mannequin
60 x 40 x 26 cm
Pièce unique
© Galerie In Situ - fabienne leclerc
l'artiste & Galerie In Situ - fabienne leclerc, Paris

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Meschac Gaba
Truck (Série Perruques voiture), 2008
Cheveux artificiels tressés, pièces en métal et buste de mannequin
76 x 48 x 30 cm
Pièce unique
Courtesy Meschac Gaba & Galerie In Situ - fabienne leclerc, Grand Paris
l'artiste & Galerie In Situ - fabienne leclerc, Pari

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Meschac Gaba
Archéologie contemporaine 1, 2003
Table en verre, deux boules en résine et divers objets et logiciel interactif
116 x 107 x 196 cm
Exemplaire N° Pièce unique et pour le logiciel ed:1/2 +1EA
l'artiste & In Situ - fabienne leclerc, Paris

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Meschac Gaba
Archéologie contemporaine 2, 2003
Table en verre, deux boules en résine et divers objets et logiciel interactif
106 x 107 x 196 cm
Exemplaire N° Pièce unique et pour le logiciel ed:2/2 +1EA

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L’archéologue du futur

Meschac Gaba, l’un des artistes contemporains d’Afrique les plus pertinents, travaille depuis plus d’une décennie à la réécriture d’une histoire contemporaine du continent dont il est issu. Dans sa dernière exposition personnelle (Kassel, Las Palmas), il a montré un ensemble qui donnait l’articulation de son propos. Jouant sur les clichés qui ont cours dans le monde de l’art, il a décidé de déconstruire les idées reçues et de détourner le sens conventionnel de notions comme celle de musée, pour les adapter à sa propre vision du monde. Une vision faite de collages conceptuels qui confère à son univers une immédiateté qui ne renvoie à aucune géographie ni à aucune origine. Avec un humour et une distance qu’il a acquis au fil des années à travers les différentes expériences artistiques qui lui ont fait parcourir le monde, il nous raconte un monde en devenir. Le travail de Gaba, dans son essence, me renvoie à ce que disait  l’écrivain Boris Vian en exergue de son «L’écume des jours » : « cette histoire est vraie puisque je l’ai inventée d’un bout à l’autre ».  Gaba joue une partition subtile entre fiction et réalité, détournements et inventions. L’histoire qu’il nous raconte est une histoire très ancienne qui remonte à l’origine des temps, comme une paradoxale archéologie du possible. Ses perruques voitures et son archéologie contemporaine sont emblématiques de sa manière de déchiffrer les signes qui l’entourent. Il joue, dans les deux séries, de la juxtaposition des contraires. L’archéologie peut-elle être contemporaine et les objets quotidiens des éléments d’étude pour les générations à venir ? Quant aux perruques, elles illustrent le conflit immémorial entre les anciens et les modernes. La tradition opposée et complice des aspirations d’une société devenue consumériste. Et les questions qu’il pose, avec cette posture faussement naïve, sont celles d’une globalisation qui voudrait annihiler toute dissemblance. Il nous dit que nous sommes tous les mêmes, précisément à cause de ce qui nous différencie et qui conforte notre humanité.

Simon Njami

 

Réalités fictives

Citroën, Jeep, Studebaker, Smart, Picasso, Tracteur, Oil Tanker… On pourrait, à l’énoncé de cette liste non exhaustive, se croire au salon de l’automobile. Meschac Gaba n’a pas jugé utile d’ajouter des Mercédès ou des Rolls à son catalogue. Cela aurait peut-être fait nouveau riche. Mais le tracteur comme le tanker font tâche. Ils appartiendraient à d’autres salons. À d’autres réalités également. Entre le salon de l’agriculture et les champs pétrolifères. L’Afrique n’est pas loin. Et le commentaire social et politique suit de très près. Mais au-delà de l’état de l’Afrique, cet ensemble de perruques qui nous renvoie à un autre salon, de coiffure, cette fois, c’est un regard sur l’Afrique que porte l’artiste, en nous proposant une double lecture de ces objets insolites. La première évoque les rêves ordinaires de citoyens ordinaires qui se réalisent à travers les signes extérieurs de leurs désirs. Je pense à ce roman dont le nom de l’auteur m’échappe qui s’intitulait : Ma Mercédès est plus grosse que la tienne. Compétition et machisme. Le plus drôle, c’est que ce soit à travers des attributs féminins que s’illustre l’intention. Des atours qui, et voici le sens profond, qui évoque le travestissement et le masque. Les tresses artificielles font depuis, quelques années, fureur en Afrique et il est devenu rare aujourd’hui de voir des femmes porter leurs véritables cheveux. Mais au-delà des femmes, c’est une société toute entière qui est visée. Il n’y a pas de morale ni de condamnation. Libre à nous de déterminer  le degré d’aliénation que portent en eux ces chevelures artificielles. Peut-être finiront-elles un jour ou l’autre dans le projet d’archéologie contemporaine où l’artiste rassemble les artefacts qui, selon, lui, témoigneront de notre passage sur terre, au milieu d’objets trouvés et de pièces d’artisanat. Les perruques comme l’archéologie ne sont autres que des réalités fictives. Une invitation à construire nous-mêmes nos propres musées et à redéfinir la hiérarchie des choses.

Simon Njami