À travers sa structure, Luminous Shadow prolonge la recherche entre forme et informe, du domaine théorique vers la pratique. L??uvre explore la manière dont des idées issues de la métaphysique islamique peuvent réapparaître dans la réalité matérielle de la région, pour construire un récit fondé sur une histoire vivante.
L??uvre se conçoit comme un cadre à l?intérieur duquel quelque chose revient dans le paysage, façonnant un récit renouvelé du présent. Elle utilise la philosophie pour traduire matière et forme au sein du terrain vivant du désert.
Luminous Shadow se déploie à travers trois plans de l?être dans la métaphysique et le mysticisme islamiques :
*Nasut* (le monde matériel et visible),
*Malakut* (le domaine imaginal et intermédiaire),
et *Hayula* (la matière première, informe).
Ce sont des instruments pour interroger forme, absence de forme et substance, dans une tentative de redécouvrir comment l?existence circule entre états formés et non formés.
L??uvre commence dans Nasut, le royaume terrestre. Un doigt, constitué de couches de contreplaqué et de collage, agit comme outil principal. C?est un véhicule de migration (Hijra) au sens donné par Ibrahim al-Koni : pour renaître, il faut quitter ce que l?on a été.
Le doigt n?est pas un socle, mais un passage : un pont entre l?intention, le mental et le monde matériel, portant des amas de lettres qui ne sont plus écrites pour être lues, mais pour devenir.
Dans Malakut, ces lettres flottent entre texte et image. Chaque groupe contient des fragments d?Ibn ?Arabi :
« Comme cette obscurité est exquise, comme sa lumière est intense, comme son éclat est radieux. Cette obscurité est la source des lumières, la source des yeux des secrets, et l?élément de toutes les substances. De cette obscurité je t?ai créé, et vers elle je te ramènerai, et je ne te ferai pas sortir d?elle. »
Le sens se condense en structure ; la langue devient os.
À l?arrière de la sculpture, la surface est entièrement plate, recouverte d?une peinture orange fluorescente. Une fois éclairée, elle projette un reflet néon sur le mur ? une extension immatérielle de l??uvre. Cette lueur pointe vers Hayula : la substance première, informe, la matière originelle de l?existence. Ce n?est pas la lumière comme symbole, mais la matière en puissance, la boue féminine avant l?animation.
À travers ces passages ? du bois tangible de Nasut, aux lettres suspendues de Malakut, jusqu?au champ orange de Hayula ? Luminous Shadow devient un parcours philosophique : une enquête sculpturale sur la manière dont la forme migre à travers la matière, et dont la matière elle-même commence à penser.
À travers sa structure, Luminous Shadow prolonge la recherche entre forme et informe, du domaine théorique vers la pratique. L??uvre explore la manière dont des idées issues de la métaphysique islamique peuvent réapparaître dans la réalité matérielle de la région, pour construire un récit fondé sur une histoire vivante.
L??uvre se conçoit comme un cadre à l?intérieur duquel quelque chose revient dans le paysage, façonnant un récit renouvelé du présent. Elle utilise la philosophie pour traduire matière et forme au sein du terrain vivant du désert.
Luminous Shadow se déploie à travers trois plans de l?être dans la métaphysique et le mysticisme islamiques :
*Nasut* (le monde matériel et visible),
*Malakut* (le domaine imaginal et intermédiaire),
et *Hayula* (la matière première, informe).
Ce sont des instruments pour interroger forme, absence de forme et substance, dans une tentative de redécouvrir comment l?existence circule entre états formés et non formés.
L??uvre commence dans Nasut, le royaume terrestre. Un doigt, constitué de couches de contreplaqué et de collage, agit comme outil principal. C?est un véhicule de migration (Hijra) au sens donné par Ibrahim al-Koni : pour renaître, il faut quitter ce que l?on a été.
Le doigt n?est pas un socle, mais un passage : un pont entre l?intention, le mental et le monde matériel, portant des amas de lettres qui ne sont plus écrites pour être lues, mais pour devenir.
Dans Malakut, ces lettres flottent entre texte et image. Chaque groupe contient des fragments d?Ibn ?Arabi :
« Comme cette obscurité est exquise, comme sa lumière est intense, comme son éclat est radieux. Cette obscurité est la source des lumières, la source des yeux des secrets, et l?élément de toutes les substances. De cette obscurité je t?ai créé, et vers elle je te ramènerai, et je ne te ferai pas sortir d?elle. »
Le sens se condense en structure ; la langue devient os.
À l?arrière de la sculpture, la surface est entièrement plate, recouverte d?une peinture orange fluorescente. Une fois éclairée, elle projette un reflet néon sur le mur ? une extension immatérielle de l??uvre. Cette lueur pointe vers Hayula : la substance première, informe, la matière originelle de l?existence. Ce n?est pas la lumière comme symbole, mais la matière en puissance, la boue féminine avant l?animation.
À travers ces passages ? du bois tangible de Nasut, aux lettres suspendues de Malakut, jusqu?au champ orange de Hayula ? Luminous Shadow devient un parcours philosophique : une enquête sculpturale sur la manière dont la forme migre à travers la matière, et dont la matière elle-même commence à penser.
Le National de mai à août
Collées et recouvertes de peinture, des images tirées du quotidien émirati The National couvrent les murs des deux salles de la galerie sous la forme d'une série de bâches de 2 x 2,5 mètres. Chaque oeuvre fait office de champ d'interaction entre des événements ou des personnages identifiables tel que présentés dans le quotidien, et des images fragmentaires, découpées, enchevêtrements de couleurs ou de motifs. Lorsqu'ils décrivent « le concept et la fonction du quotidien », RRH soulignent le retard de cette édition papier (" il y a toujours un jour de décalage ; ils transmettent les informations de la veille, que l'on a déjà lues sur les plateformes en ligne ") ; son " papier peu résistant et sa dimension peu pratique" ( " de sorte qu'il se plie sans cesse et trouve rapidement d'autres emplois : chiffon pour vitres, sous-verre, ou papier d'emballage original") ; la façon qu'il a de s'empiler sur leurs postes de travail.
Comment RRH composent-ils avec les perturbations que ce journal amène chez eux ?" Nous avons commencé par le prendre en photo régulièrement, dans des états et des formes différentes ; il a fini par intégrer l'interaction que nous avions avec lui. Les journaux sont devenus des objets-natures-mortes sur lesquels sont inscrites des informations inattentives.
D'autres objets, voire même nos mains, se sont aussi mêlés à eux par moments.
Les images réalisées en suivant cette méthode ont ensuite été imprimées : elles sont devenues
un nouveau champ de négociation pour nous, où nous les arpentions lors de moult débats, puis, peu à peu, chacun a commencé à y apposer sa marque, par le collage, la peinture ou la poésie concrète. »
La densité visuelle et l'architectonique spatiale des oeuvres d'art résultantes lient le contenu visuel du journal à une présentation des activités créatrices et du vivant. « Ce qui s'est démarqué ces derniers temps, ce sont les images de politiciens en costume qui se serrent la main, en paires et en groupes, tout en souriant aux journalistes, avant ou après la signature d'un accord.
Ces gens, parfois plus des célébrités que des politiciens, sont présents dans notre vie quotidienne par le biais de différents types de média. Avec les journaux, ils se répandent dans nos espaces comme dans nos esprits et marquent nos mémoires de leurs gestes, de leurs visages. Nous leur sommes étrangers, mais eux occupent nos vies comme des invités dont, par timidité, nous n'osons pas nous débarrasser. "
Fixées à des bâches pour être accrochées à l'extérieur, ces images de grande taille sont " attaquées par le soleil et la chaleur de Dubaï, laquelle humidifie le papier peint de sorte qu'il accueille du sable et des feuilles mortes, attirant aussi les insectes qui s'y installent, pondent des oeufs et aménagent leur habitat. Parfois des lézards se cachent dans les plis et, pour essayer de les attraper, un de nos chats déchire la bâche : des déformations se créent comme ça. A nos yeux, tous ces aspects participent à la méthode. "
Comme l'indique le titre de la série, National from May to August se constitue des interactions mises en branle par RRH entre les journaux imprimés, le monde de la politique et de l'actualité tel que le représente une presse ordinaire, leur environnement de vie et de travail, et leurs manipulations collectives à base de peinture, de collage et de mots, sur un laps de temps spécifié. Afin de faire part du " tâtonnement par lequel nous sommes parvenus " aux oeuvres bidimensionnelles, RRH citent Gilles Deleuze : " (...) il me semble évident que l'image n'est pas dans le présent. L'image même, c'est un ensemble de relations temporelles dont le présent ne fait que découler, soit comme commun multiple,
soit comme plus petit diviseur. Les relations temporelles n'apparaissent jamais dans la perception ordinaire, mais existent dans l'image, dès q'elle est créatrice. Elle rend sensibles, visibles, ces relations irréductibles au présent. "
Extrait du texte "UNE BOUSSOLE, ET NON UNE FEUILLE DE ROUTE" Par Ruth Erickson, Ramin Haerizadeh, Rokni Haerizadeh et Hesam Rahmanian, 2018