Dans Jihad, un crâne et des bulles de savon, symboles de vanité et du caractère éphémère de toute chose, émergent des troncs de bouleaux. Si le fond s'étale comme une vaste étendue abstraite, l'artiste a pris un soin minutieux en revanche pour détailler les herbes sèches se balançant souplement dans le souffle du vent au premier plan, les différentes espèces de chardons, les feuilles de chêne au sol, le tout peint dans un doux camaïeu de tons blonds, roux, ocre et bleus. Confronté à la barbarie humaine et au fanatisme, suggérés à la fois par le titre, par l'étendard au nom de Sheitan (le diable) et par la tête de mort emblème des Waffen SS, ce simple paysages d'herbes folles est un morceau de poésie d'une grande délicatesse qui résiste à la violence annoncée et repousse la vanité de toute velléité humaine. La douceur du paysage est d'autant plus poignante que cette singulière peinture évoque une barbarie toujours actuelle, dans un élan de brutalité ininterrompu depuis les croisades chrétiennes du XIe au XIIIe siècle jusqu'au fanatisme religieux du XXIe siècle. Sous couvert de "guerres saintes" promettant lauriers et gloire, ce sont les emblèmes du règne de la mort et de la folie, la tête de mort et la figure, qui s'imposent dans une scène où la Victoire peine à justifier que de telles conquêtes soient entreprises en son nom.
Catalogue Damien Deroubaix, HEADBANGERS BALL, édition des Musées de Strasbourg, 2018
Dans son grand papier Sick Bizarre Defaced Creation, Damien Deroubaix réinterprète un conte de l'ancienne Perse, celui de l'arbre wak-wak qui avait pour fruits des femmes qui pouissaient les pieds en avant, la tête sortant en dernier. Lorsque les fruits étaient mûrs, les cheveux se détachaient des branches et la femme tombait au sol où elle mourrait en criant "wak-wak".
Dans cette œuvre, les têtes féminines dont l'arbre est porteur arborent le visage de la Sirène. Cet arbre funeste d'où pendent aussi quelques dollars est entouré d'une forêt de dénonciation de micros, motifs récurrents dans le travail de dénonciation du capitalisme vorace et de l'omniprésence des médias.
Catalogue Damien Deroubaix, HEADBANGERS BALL, édition des Musées de Strasbourg, 2018
Une oeuvre d'une telle ampleur esthétique et symbolique que celle d'Homo Bulla possède la force de la révélation magique et semble davantage être une apparition onirique qu'une réalité matérielle. Cette oeuvre mystérieuse, à la fois robuste et fragile, se situe dans les sphères de la sublimation et de la transparence. Les éléments en verre entrent en résonance avec les alambics, les ballons, les récipients à décantation et les creusets visibles dans les représentations traditionnelles de l'alchimiste.
Créée en 2011, Homo Bulla est le fruit d'un travail de collaboration entre les artisans verriers souffleurs de verre du Centre international d'art verrier de Meisenthal (Moselle) et Damien Deroubaix. À l'aide de plusieurs petites fraiseuses manuelles, ce dernier a lui-même gravé des motifs issus de la Heidelberg Totentanz sur les différentes bulles de verre collées à froid sur deux plaques de verre. Juchée sur une base et s'élevant sur deux niveaux, cette sculpture transparente rassemble différents éléments caractéristiques du memento mori : les squelettes, les bulles, les coquillages et les verreries, symboles de la fragilité et de la futilité de l'existence. [...] Cette fascinante sculpture est une métaphore de la condition humaine, solide mais vulnérable. Les bulles de verres sont un peu les creusets à partir desquels la vie a émergé de la matière informe.
Catalogue Damien Deroubaix, HEADBANGERS BALL, édition des Musées de Strasbourg, 2018
Une oeuvre d'une telle ampleur esthétique et symbolique que celle d'Homo Bulla possède la force de la révélation magique et semble davantage être une apparition onirique qu'une réalité matérielle. Cette oeuvre mystérieuse, à la fois robuste et fragile, se situe dans les sphères de la sublimation et de la transparence. Les éléments en verre entrent en résonance avec les alambics, les ballons, les récipients à décantation et les creusets visibles dans les représentations traditionnelles de l'alchimiste.
Créée en 2011, Homo Bulla est le fruit d'un travail de collaboration entre les artisans verriers souffleurs de verre du Centre international d'art verrier de Meisenthal (Moselle) et Damien Deroubaix. À l'aide de plusieurs petites fraiseuses manuelles, ce dernier a lui-même gravé des motifs issus de la Heidelberg Totentanz sur les différentes bulles de verre collées à froid sur deux plaques de verre. Juchée sur une base et s'élevant sur deux niveaux, cette sculpture transparente rassemble différents éléments caractéristiques du memento mori : les squelettes, les bulles, les coquillages et les verreries, symboles de la fragilité et de la futilité de l'existence. [...] Cette fascinante sculpture est une métaphore de la condition humaine, solide mais vulnérable. Les bulles de verres sont un peu les creusets à partir desquels la vie a émergé de la matière informe.
Catalogue Damien Deroubaix, HEADBANGERS BALL, édition des Musées de Strasbourg, 2018