Martin Dammann
Schuld
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Schuld

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Schuld (« Culpabilité ») est la troisième exposition, à la galerie In Situ - fabienne leclerc, de Martin Dammann. Cet artiste berlinois né en 1965 y présente des oeuvres inédites ou récentes : aquarelles sur isorel et sur papier, installations photographiques.

Depuis une vingtaine d'années, Martin Dammann glane des clichés des deux Guerres mondiales pris par des soldats allemands, français, anglais ou américains lors de leurs loisirs ou de moments passés en famille, à l'occasion de permissions. Cette photographie de guerre est le point de départ d'un recyclage esthétique que l'artiste applique à différents supports, qu'il s'agisse d'aquarelles de grand format, de dessins, de réalisations photographiques, de vidéos, de frottages ou d'installations.
Retravaillant à partir de ces images trouvées en « post-photographe », dans la lignée tant conceptuelle que plasticienne d'un Gerhard Richter, Martin Dammann contourne la nature de ces périodes troubles pour se concentrer sur leurs à-côtés, en appréhendant l'événement singulier certes mais jamais exceptionnel de la vie vécue.

L'univers pictural de Martin Dammann est d'une ambiguïté finement calculée.
Que montrent ses images ? En apparence, rien de violemment direct. La peinture y oscille entre figuration et dissolution et l'aquarelle, appliquée sur l'isorel, une surface non-absorbante, s'y dissout dans un magnétique effet de flaque. Ici, dans une composition à la lisière de l'abstraction, l'on distingue tout juste un homme tombant en arrière dans l'eau, là une femme devant une voiture, une femme asiatique assise sur les genoux d'un GI américain, une femme allongée au milieu d'une prairie. La notion de culpabilité qui réunit ces images et unifie leur propos n'est pas déclarative. Elle se déduit, tandis que nous appliquons à ces images un « regard pensif », de l'atmosphère ambivalente qui émane de choses vues de manière subliminale.

Martin Dammann génère un art d'introspection et de plaisir cumulés. Il joue en expert en manipulation visuelle de la relation souvent contradictoire qu'entretiennent les images avec le réel. Ses créations balayent et revivifient l'archive pour mieux en secouer la matière morte.